CR - Dégustation Côtes-Du-Rhône à Qc

[Ecco]

Enfin voilà le CR d’une soirée très réussie. La conversation a été très animée entre cette gang de joyeux passionnés de notre petit resto La Girolle de Québec. Le service était impeccable, avec un serveur qui, malgré l’achalandage du restaurant, a pris le temps de carafer en cuisine les séries pour que nous puissions tous déguster en semi-aveugle. La nourriture était excellente, comme d’habitude. Je dois avouer par contre que certains participants commencent à connaître le menu par cœur (Danlulu pour ne pas le nommer) et se surprennent lorsque les viandes ont changé de sauce. ;-) Morale de cette histoire, il va falloir changer d’endroit de dégustation de temps à autre. Une 2e dégustation pour moi et une réussite sur toute la ligne.

Je suis très heureux d’avoir rencontré Gary, notre nouveau, qui arrive à sa première dégustation avec nous avec non seulement une excellente bouteille, mais une expérience de dégustation très solide.

Merci à Arafat pour avoir franchi tous ces kilomètres pour nous offrir ce Tanit en fin de repas, un cadeau très apprécié.

Merci à tous les autres qui me surprennent par leur simplicité, leur franchise et leur bonheur dans l’épicure.

Passons aux liquides maintenant. De façon générale, les 11 vins dégustés ont été à la hauteur de mes attentes. Aucune déception et ils se révèlent tous être des bons témoins de la qualité du terroir en Côtes-Du-Rhône. Ça me rassure grandement sur la capacité de vieillissement de ces c9dp, car les plus vieux l’ont emporté sur les plus jeunes sans grande difficulté. Je ne suis pas le plus grand expert en CR de dégustation, alors pardonnez mon manque de vocabulaire.

Les vins ont été servis en 3 séries de 3 vins, en semi-aveugle, en commençant par un blanc d’ouverture et en terminant par le liquoreux. Les vins étaient dévoilés lorsque tous avaient terminé leurs notes (ceux qui en ont pris en tous cas ;-) ) mais avant que les verres soient terminés.

En ouverture, en blanc,
Coudoulet de Beaucastel côtes-du-rhône 2003

Je voulais un blanc fruité et frais, mais Côtes-du-Rhône en blanc, c’est plutôt des c9dp et des Hermitage. J’ai donc apporté ce Coudoulet avec beaucoup de réserve et d’appréhension. Finalement, un beau succès. Une belle robe jaune limpide qui laisse des cernes imposants et longs (provenant du sucre et de la glycérine plus que de l’alcool, je crois). Un nez de pêches citronnées avec un deuxième nez d’acidité. En bouche, une attaque franche sur citrons et d’autres fruits que je n’arrive pas à nommer, un peu d’alcool en finale d’une longueur moyenne. Peut-être servi trop frais au départ, le vin s’ouvre alors qu’il se réchauffe dans le verre et devient plus expressif et plus équilibré à mon goût. Surprenant, frais et excellent pour se réveiller les papilles. Peut-être pas un vin de repas comme un Chardonnay, mais pas un vin d’été trop léger non plus.

Série 1 : (La série des jeunes adolescents)

Domaine du Vieux Lazaret, cuvée exceptionnelle c9dp 2003
Domaine de la Solitude châteauneuf-du-pape 2003
Domaine Courbis Les Royes st-joseph 2001

En général : Des vins morts dans leur jeunesse innocente. Tous présentent des signes de verdeur et des années supplémentaires en milieu contrôlé leur aurait permis de s’améliorer. À la robe, le vin 1 est beaucoup plus pâle que les 2 autres, et au nez, les vins 2 et 3 se rejoignent beaucoup plus sur le fruit, ce qui me porte à croire que le vin 1 est le st-joseph, les autres étant les c9dp.

Série 1 - Vin 1 :

Robe rouge qui laisse passer la lumière, contrairement à ses voisins. Aucun signe d’évolution. New unidimensionnel de fruits rouges et l’alcool ressort un peu au 2e nez. En bouche, l’attaque est plutôt mince, c’est court, vif et un peu acide. On dirait un poids plume dans un arène de boxe, dans le sens qu’on voit la race et le professionnalisme, mais c’est léger et rapide. C’est ma 3e position dans cette série. Je m’étais trompé, ce n’est pas le st-joseph, mais plutôt le Domaine de la Solitude.

Série 1 – Vin 2 :

Robe rouge sang opaque, on dirait presque un porto. Un nez très épicé, avec de la menthe. Ces épices prédominent facilement sur les fruits. En bouche, c’est un vin racé avec un bel équilibre. Ça coule facilement et on en redemande. Du très beau travail. C’est ma 2e position dans cette série. Je croyais avoir affaire au Domaine de la Solitude, mais c’est le Domaine Courbis en St-Joseph.

Série 1 – Vin 3 :

Robe rouge sang très opaque, peut-être même plus foncé que le vin 2, si c’est possible. Un nez, c’est définitivement un poids lourd de fruits, de minéraux. Pas tant de complexité, mais une grande force. En bouche, c’est lourd et puissant. Beaucoup de stature, de masse et de longueur. On peut pratiquement mâcher ce vin. Une trame très large et des tannins qui rugissent malgré près de 2 heures de carafage. C’est intégré, mais ça crie la jeunesse. C’est ma première position de cette série pour son immense potentiel. J’avais raison en pensant que c’était le Domaine du Lazaret. Je n’ouvre pas ma prochaine avant 2010.

Série 2 : (Les adultes consentants)

Château Fortia 2001
Château de la Gardine 1999
Cornas 1999 Paul Jaboulet

En général :

Dans le verre, tous ces vins se ressemblent : un beau grenat plutôt opaque, déjà un peu plus d’évolution que la série précédente, mais aucun signe au disque. Ces vins ont été dégustés d’abord seuls, puis avec le repas et ce changement les a transformés. J’ai préféré ces trois vins avec le repas que seuls. Ils ont tous la puissance pour accoter des plats de viandes rouges et des sauces travaillées. Je croyais pouvoir trouver facilement le Cornas parmi ces 3 vins, étant full syrah. Malheureusement, ces vins se ressemblent trop (ce n’est pas un défaut) et je ne parviens pas à détecter le cornas.

Série 2 – Vin 1 :

Au nez, à part les fruits rouges typiques, on sent les épices et les végétaux. En bouche, quelle belle rondeur, un grand équilibre, la grande classe. Tout est intégré, la puissance est mesurée et le vin discute sur une bonne trame large. C’est mon préféré de cette série et le meilleur vin à ce moment. Je croyais avoir à faire au Château de la Gardine , mais c’est plutôt le Château Fortia 2001. Pour 37,25$ en prix régulier, c’est mon meilleur RQP de la soirée, accessible dès maintenant et disponible en succursale un peu partout. Si vous voulez un bon c9dp et n’avez pas de patience d’en laisser en cellier, je le recommande fortement.

Série 2 – Vin 2 :

Au nez, ce vin ajoute des arômes de grains (café et ???) et une petite amertume. Kenwood parle d’olives, mais je déteste les olives et je ne déteste pas ce vin. ;-) En bouche, je ressens un peu plus d’alcool que les deux autres et un petit arrière-goût de médicament qui n’est pas désagréable. C,est ma 2e position de cette série et je pense que c’est le château Fortia, étant le plus jeune de la série et donc pas encore aussi bien intégré. J’ai tort, c’est le Cornas 1999 de Paul Jaboulet. Je suis très surpris, parce que je croyais connaître le goût d’un vin full syrah et ce n’est pas ceci. Il est bizarrement très semblable aux c9dp et il n’y a aucun côté bonbon.

Série 2 – Vin 3 :

Au nez, ce vin s’exprime sur des notes de fruits et d’herbes et d’épices. De belles notes primaires et secondaires, mais aucunes notes tertiaires. En bouche, c’est excellent, mais j’y perçois plus de verdeur et plus d’amertume que ces voisins. C’est un vin solide qui pourrait facilement accompagner des plats plus relevés (sauce au poivre me vient en tête). En même temps, la longueur est moyenne. C’est ma 3e position de cette série. Étant le différent de sa gang, je pense que c’est le Cornas. Et non, c’est le Château de la Gardine 1999.

Série 3 : (La beauté de l’âge d’or)

Château la Nerthe 1998
Domaine du Beaurenard 2001
C9dp 2000 Bosquet des Papes Chantemerle vieilles vignes

En général :

Mettons quelque chose au clair tout de suite : Les 3 vins de la série 3 sont tous au moins une si ce n’est deux gammes au-dessus des vins précédents, tant au niveau de la complexité que de l’équilibre. Ce n’est pas peu dire, compte tenu qu’il y a de très belles expériences dans les 7 vins précédents. Les robes grenats plutôt opaques se ressemblent beaucoup et je ne parviens pas à déceler des signes d’évolution (ils vivent pour toujours ces c9dp ?!)

Série 3 – Vin 1 :

Des olives au nez et tout plein d’autres arômes. C’est expressif et pourtant c’est en bouche que ce vin excelle le plus. Les tanins sont puissants mais parfaitement intégrés. Le vin est gras mais avec souplesse. C’est rond, en équilibre, ça coule si bien. Wow ! Définitivement la plus belle bouche et le vin de la soirée. C’est le Bosquet des Papes Chantemerle 2000. Un petit bémol par contre : à l’origine, la SAQ vendait ce vin 93$ !!! Avec le solde d’inventaire, ce prix est ramené à 63$. Avec un gratteux de 20%, ça coûte toujours 50$ ! Côté RQP, on repassera à 93$, mais à 50$, ça passe mieux. Au moment d’écrire ces lignes, il en reste environ 100 dans le réseau.

Série 3 – Vin 2 :

Ce vin domine du point de vue olfactif. Il s’exprime sur des notes primaires, secondaires et tertiaires, avec une prédominance d’olives et de végétaux. Je n’ai pas le vocabulaire pour tout décrire ce qui se passe dans ce nez, mais ça discute fort et c’est TRÈS agréable. En bouche, ce vin a une longueur digne et un petit côté sucré qui fait un clin d’œil. Belle intégration, mais il souffre d’être comparé au vin 1. C’est ma deuxième position de cette série. C’est le château la Nerthe 1998, le doyen de la soirée. Il était prêt et je doute qu’il ait encore à gagner à le conserver en cellier.

Série 3 - Vin 3 :

Je dis souvent qu’il vaut mieux être le champion d’une classe inférieure que d’être la recrue d’une classe supérieure. Ce vin souffre un peu de sa position dans la série 3. Ce vin est excellent au nez et en bouche, un accompagnement superbe pour un repas de viandes rouges par exemple. Des notes de caramel au deuxième nez, et des notes tertiaires très agréables. Malheureusement pour lui par contre, il lui manque un peu d’acidité pour amener sa bouche au niveau d’équilibre de ses voisins. Un superbe vin tout de même. C’est le Domaine du Beaurenard 2001.

En finale, un liquoreux hors-Sauternes et une très belle expérience pour ma part :

Tanit moscato-passito-di-pantelleria Italie

Robe dorée, un peu de cuivre au disque. Ce vin n’a pas de millésime indiqué sur la bouteille et c’est triste. Nez de pommes sucrés, comme les pommes qu’on trempait dans un mélange de sirop de mais et de sucre dans ma jeunesse. Ça donnait une croûte transparente et cassante de sucre sur un fond fruité de pomme. Du bonbon de très bonne classe. À essayer avec n’importe quel dessert à base de pommes. Merci Arafat.


Désolé pour le délai du CR et pour sa longueur. Un résumé court : Très belle soirée avec des vins impressionnants et une très belle gang.

Ecco