Long compte-rendu d'une semaine trop courte (Russian river, Sonoma et Napa valley)

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path133
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Long compte-rendu d'une semaine trop courte (Russian river, Sonoma et Napa valley)

Message par path133 » mar. 03 mars 2015 21:38

Ayant fait une petite tournée du côté de Napa, Sonoma et Russian River qui s’est terminée il y a un peu plus d’une semaine, voici un compte-rendu de cette semaine intense mais trop courte à mon goût et où j’ai eu l’opportunité de faire de belles découvertes. J’ai été particulièrement impressionné, de façon générale, par les infrastructures d’accueil dans les différents vignobles visités de même que par la qualité d’ensemble des vins. Les dégustations sont généralement payantes mais la plupart des domaines les créditent ou ne les chargent simplement pas lorsque l’on fait un achat (certains exigent parfois un montant minimal d’achats, très variable selon le domaine, tout comme les prix). J’ai d’ailleurs été surpris par la multitude d’options offerte à plusieurs endroits selon la gamme de vins que l’on souhaite déguster ou encore si l’on souhaite un accord avec des mets ou une assiette de fromages et charcuteries. Compte tenu du taux de change, le coût des vins à la propriété est relativement dispendieux et j’avoue avoir été surpris par la différence de prix de certains vins avec la grande distribution (Costco offre le château St-Jean cinq cépages à 57$ alors que le même vin est offert au domaine pour 80$us et que la SAQ l’offre à 79$can !!!).

Iron Horse : Je consomme peu de bulles mais Iron Horse est l’un de mes producteurs favoris et je trouve sincèrement dommage que l’on ne puisse plus dénicher leurs produits au Québec. En effet, il y a quelques années, on pouvait se procurer à bon prix la « wedding cuvée » et le « classic vintage brut ». Iron Horse est toujours une propriété familiale et fut l’un des pionniers dans Russian River il y a près de 40 ans. Le domaine, pas évident à trouver au bout d’une impasse, vaut grandement le détour. Iron Horse dispose de 380 acres dont environ 100 sont plantés, produit 25 000 caisses par an dont 17 000 de mousseux. Ayant pris rendez-vous au préalable, il fut possible de déguster en visitant la winery et en assistant à l’opération de dégorgement et d’embouteillage. J’avoue avoir été surpris par la quantité de manipulations requises puisqu’après avoir vieilli 3 ans en bouteille, tous les mousseux sont mis dans des cages pivotantes pendant 6 semaines avant de passer 3 semaines dans des supports individuels où chaque bouteille est remuée manuellement chaque jour, après quoi a lieu le dégorgement et l’embouteillage. Quant aux vins dégustés, j’ai particulièrement apprécié le « classic vintage brut » 2010, frais et équilibré avec une touche de grillé, de même que le « Ocean reserve blanc de blancs » 2010, un peu plus sec et aux bulles fines. Pour ce qui est du « brut X » (non-dosé), je l’ai trouvé un peu sec à mon goût alors que la « russian cuvée » 2010 (produite pour la première fois dans les années 80 pour un sommet Reagan-Gorbatchev) était trop sucrée à mon goût.

Martinelli: Ayant un peu de temps entre deux rendez-vous, nous sommes arrêtés chez Martinelli, un autre domaine familial dont les origines remontent à la fin du XIXe siècle et possédant 480 acres dans les secteurs de Russian River, Green valley et Sonoma coast et dont à peine 10% sont utilisés pour la production de leurs vins (ils approvisionnenet plusieurs autres wineries dont Ramey). Quant aux vins, mon préféré fut le pinot noir Sonoma coast 2011 (45$), frais et sur les fruits mûrs (fraise) avec une finale de longueur moyenne et un très léger côté caramélisé. Même chose en ce qui concerne le zinfandel Giuseppe & Luisa 2012 que j’ai trouvé particulièrement bon quoiqu’un peu cher.

Chalk Hill: Chalk hill est un domaine de 1300 acres, majoritairement planté de chardonnay, appartenant au groupe « Foley family », possédant de nombreuses autres propriétés en Californie, en Nouvelle-Zélande et en Italie notamment. En bref, grosses infrastructures, prix élevés et accueil plutôt ordinaire. Le pinot gris 2012 était simple et peu expressif, à mon sens très loin d’un rapport qualité-prix pour 30$. Le chardonnay estate 2012 était cependant très bien, frais avec de légers arômes de pain grillé et de noisettes et une texture légèrement grasse. Mon préféré fut le superbe chardonnay 2012 clone 809, encore fort jeune, à la fois fin et tendu, présentant une belle complexité et une longue finale. Le sémillon botrytisé, qui n’est produit que lorsque le millésime est favorable, était également fort intéressant mais cependant moins complexe à mon sens que ce qu’on peut trouver à prix comparable (29$us la demie) ou moindre du côté de Sauternes ou Ste-Croix du Mont.

Ramey: J’ai découvert il y a quelques années les vins de Ramey à l’occasion d’un salon des vins de Californie et je les apprécie grandement, en particulier les chardonnays. J’ai donc profité d’une brève visite du côté de Healdsburg pour aller rencontrer ce producteur. Winemaker consultant réputé, David Ramey a d’abord travaillé à Bordeaux chez Moueix (notamment à Petrus) puis, dans de nombreux domaines californiens dont Chalk Hill et Dominus avant de démarrer sa winery en 1996, prenant soin de sélectionner ses sources d’approvisionnement, notamment en fonction du climat (de manière à retrouver la fraicheur qu’il recherche dans ses vins). D’ailleurs, l’accueil par Patrice Veneziano, responsable du marketing, était formidable puisque j’ai eu droit, en prime, à un cours privé sur les caractéristiques des différentes zones et appellations de la région, en particulier les différents secteurs de Sonoma coast et de Russian river. Toute la gamme des vins dégustés, tous des 2012, était remarquable. Du côté des chardonnays, j’ai bien aimé la fraicheur du Sonoma coast, légèrement plus tendu que le Russian River (plus crémeux). J’ai également eu l’opportunité de goûter à deux cuvées parcellaires, le Platt Vineyard, provenant d’un vignoble près de l’océan dans Sonoma Coast, de même que le Hyde, provenant de Carneros (le même vignoble que Hyde de Villaine). Le Platt présentait un nez plus expressif, sur les noisettes et le pain grillé alors que le Hyde était plus réservé et tout en finesse, présentant de légères notes d’agrumes, une bonne acidité et une très longue finale. Contrairement à d’autres chardonnays californiens, ceux de Ramey conservent une belle fraicheur malgré la fermentation malolactique à 100%. Quant aux rouges, j’ai particulièrement apprécié le Claret (un assemblage de 70% cabernet-sauvignon, 24% merlot, 2% syrah et 1% malbec), un vin fruité, rond mais néanmoins bien équilibré, de même que le cabernet-sauvignon, Napa valley (un assemblage de 85% cabernet-sauvignon, 7% merlot, 5% malbec et 3% petit verdot), un superbe vin aux tanins enveloppants présentant un bel équilibre et une longue finale, sans que l’on remarque particulièrement l’élevage (57% de bois neuf pendant 18 mois). Quant au cabernet-sauvignon Oakville, il m’est apparu nettement trop jeune pour l’instant, encore tout d’un bloc avec des tanins fermes et des arômes de torréfaction très présents.

Rodney Strong: En revenant de Healdsburg, j’en ai profité pour terminer la journée avec un bref arrêt chez Rodney Strong. Du côté des blancs, j’ai préféré le chardonnay « chalk hill » à la cuvée réserve 2012 (plus coûteuse et au boisé plus présent). Du côté des rouges, le pinot noir 2012 était sur les fruits mûrs avec une légère sucrosité, un peu moins dans mes cordes. Par contre les cabernets-sauvignons Symmetry et Brother’s ridge 2011 était très bien, malgré que mon préféré fut le Brother’s ridge 2009, Alexander valley, présentant une matière riche sur les fruits noirs (mûres), mais sans sucrosité, des tanins souples, de la rondeur et se terminant par une longue finale. Malgré qu’il soit un peu jeune pour l’instant, j’ai bien apprécié ce vin « full-bodied » non-dépourvu d’équilibre.


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Re: Long compte-rendu d'une semaine trop courte (Russian river, Sonoma et Napa valley)

Message par path133 » mar. 03 mars 2015 22:08

Château St-Jean: Étant arrivés relativement tôt le matin, nous avons eu droit à un superbe accueil et à une dégustation « réserve » privée sur la terrasse. Moi qui ne suis pas un fan des sauvignons californiens, souvent unidimensionnels à mon goût, j’ai bien apprécié le « Lyon vineyard » 2012, équilibré avec des notes de citron et une texture légèrement grasse. Le merlot reserve 2009 était également fort bon mais j’ai particulièrement apprécié le « Cinq cépages » 2011 pour son équilibre impeccable, présentant une belle fraicheur, des tanins bien présents sans être astringents ainsi qu’une longue finale. Lors de notre visite, Château St-Jean a fait la preuve qu’un domaine peut très bien appartenir à un conglomérat international (Treasury Estates) mais néanmoins offrir un accueil à la fois sympathique et professionnel.

Kunde family estate: Belle découverte que cette winery familiale de Sonoma dont les origines remontent à 1904 et produisant d’excellents rapports qualité-prix. Dans ce cas, familial n’est cependant pas synonyme de petit puisque Kunde possède 1850 acres dont le tiers est planté de vignes dont la moitié est utilisé pour produire les vins du domaine, le reste de la production étant vendu à d’autres wineries. Cette visite nous avait d’ailleurs été recommandée sur place et nous avons eu droit, en prime, à une visite des caves. Le chardonnay 2013, frais, léger et non-boisé était très bien, tout comme le zinfandel 2012, présentant une matière dense sur les fruits rouges (cerise) mais sans sucrosité. Quant au barbera 2011 dégusté, il présentait cependant de curieux arômes de céleri et de sapin. Mes préférés furent la « Dunfillan cuvée » 2011, un assemblage de cabernet sauvignon et de syrah présentant un beau fruit, des tanins souples et une finale de bonne longueur pour 28$. Avec le cabernet-sauvignon Drummond 2010, on faisait cependant face à un vin plus puissant et corsé, fort bon mais encore trop jeune pour être pleinement apprécié.

Buena Vista : Pour être franc, j’avais certaines appréhensions face à cette visite du premier vignoble historique de la région, fondé par un comte hongrois aventurier, Agoston Haraszthy, qui, entre de multiples occupations, fut le premier à importer dans la région des cépages d’Europe (et serait possiblement à l’origine du zinfandel), vers la fin des années 1850. L’aventure dura peu de temps et le vignoble tomba rapidement à l’abandon jusqu’au rachat récent de la propriété et des vieux bâtiments par Jean-Charles Boisset. Buena Vista produit présentement environ 40 000 caisses par an mais ne possède pas de vignoble en propre. J’avoue avoir néanmoins bien apprécié la visite, en particulier pour le volet historique. Quant aux vins, j’ai grandement apprécié le chardonnay Jovita’s selection 2013 provenant de Sonoma mountain, à la fois frais, crémeux avec de légères notes de pain grillé et se terminant par une finale de bonne longueur. La syrah 2012 de Sonoma valley était excellente, en finesse et sur le fruit. Par contre, j’avoue avoir été beaucoup moins enthousiasmé par la cuvée plus prestigieuse « Sheriff of Buena Vista », baptisée en l’honneur du comte qui fut l’un des premiers sheriffs de San Diego avant de remonter plus au nord, à la recherche de terres propices à la vigne. Cette cuvée, un assemblage de petit verdot, petite syrah, syrah et cabernet sauvignon présentait une matière épaisse sur les fruits confiturés et la cassonade.
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Re: Long compte-rendu d'une semaine trop courte (Russian river, Sonoma et Napa valley)

Message par 3633 » mar. 03 mars 2015 23:21

Merci du CR qui nous donne le goût de s'y rendre. :Bonjour:

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Re: Long compte-rendu d'une semaine trop courte (Russian river, Sonoma et Napa valley)

Message par Vive le vin » mer. 04 mars 2015 7:46

Merci pour le partage. Lecture très intéressante :Bonjour:
Bonne cuisine et bon vin , c'est le paradis sur terre .

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Re: Long compte-rendu d'une semaine trop courte (Russian river, Sonoma et Napa valley)

Message par maxima » mer. 04 mars 2015 8:31

Merci pour les bons CR Pat...pour avoir échangé avec David Ramey à quelques reprises par écrit, il a un français impeccable et ça semble un chic type, pas imbue de lui-même et très généreux de son temps.
The 10 most important two-letter words of the English language:"IF IT IS TO BE, IT IS UP TO ME!"

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Re: Long compte-rendu d'une semaine trop courte (Russian river, Sonoma et Napa valley)

Message par phil the agony » mer. 04 mars 2015 8:54

Merci Path...

Je vais regarder ça aussi pour mon voyage à Napa dans 2 semaines !

:Bonjour:
Je bois pour oublier que je suis un ivrogne. (Alphonse ALLAIS)

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Re: Long compte-rendu d'une semaine trop courte (Russian river, Sonoma et Napa valley)

Message par phil the agony » mer. 04 mars 2015 8:57

Pour la maison Kunde,

Je me souviens que ma blonde avait ramené un Cabernet de ce domaine il y a de cela 3-4 ans.

Bû l'année passée après un passage en carafe de 90 minutes et il était vraiment très bien pour le prix.

Sûrement un de mes meilleurs RQP en Californie !
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Re: Long compte-rendu d'une semaine trop courte (Russian river, Sonoma et Napa valley)

Message par path133 » mer. 04 mars 2015 9:00

Merci pour les commentaires.
Concernant les rapports qualité-prix, Vincent Arroyo et Kunde sont deux noms à retenir et Artesa n'est pas loin derrière. Je finalise la suite ce soir et demain avec les visites du côté de Napa :Bonjour:
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Re: Long compte-rendu d'une semaine trop courte (Russian river, Sonoma et Napa valley)

Message par LanceFortune » mer. 04 mars 2015 9:16

Merci Patrick pour ce partage passionnant d’une belle tranche de vie. Bien hâte de lire la suite ce soir… :!:
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Re: Long compte-rendu d'une semaine trop courte (Russian river, Sonoma et Napa valley)

Message par Lafleur » mer. 04 mars 2015 10:26

:Bonjour:

Merci Path de raconter ces belles visites.

Lafleur ds les cheveux
Je suis tombé dedans quand j'étais petit!!!

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Re: Long compte-rendu d'une semaine trop courte (Russian river, Sonoma et Napa valley)

Message par Arma » mer. 04 mars 2015 14:10

Wow, merci pour ces CRs.
Et bien content d'avoir eu du Ramey Hyde Vineyard au dernier CV USA !
Une barrique de vin peut réaliser plus de miracles qu'une église pleine de saints. Proverbe italien

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Re: Long compte-rendu d'une semaine trop courte (Russian river, Sonoma et Napa valley)

Message par ilovetofly » mer. 04 mars 2015 15:00

Arma a écrit :Wow, merci pour ces CRs.
Et bien content d'avoir eu du Ramey Hyde Vineyard au dernier CV USA !
Tu t'aventures en dehors de la France :|
Cette quête du meilleur, elle est sans fin !

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Re: Long compte-rendu d'une semaine trop courte (Russian river, Sonoma et Napa valley)

Message par Arma » mer. 04 mars 2015 15:49

ilovetofly a écrit :
Arma a écrit :Wow, merci pour ces CRs.
Et bien content d'avoir eu du Ramey Hyde Vineyard au dernier CV USA !
Tu t'aventures en dehors de la France :|
C'est pour les amis :wink:
Une barrique de vin peut réaliser plus de miracles qu'une église pleine de saints. Proverbe italien

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Re: Long compte-rendu d'une semaine trop courte (Russian river, Sonoma et Napa valley)

Message par path133 » mer. 04 mars 2015 22:12

On continue avec une journée de plus

Pride Mountain: En quittant Santa Rosa pour la vallée de Napa, nous en avons profité pour emprunter la route de montagne menant vers St-Helena, nous arrêtant au passage chez Pride mountain, un vignoble perché au sommet de Spring mountain. Fait particulier, le vignoble et les installations sont traversés par la limite entre les comtés de Napa et Sonoma, forçant le domaine à avoir des cuves de chaque côté, les vins provenant de Napa et Sonoma devant être stockés séparément aux étapes de fermentation et d’élevage (jusqu’à l’assemblage final) en raison, apparemment, de différences au niveau de la taxation (complexifiant également la comptabilité). Pour la même raison, les vins de Pride ne peuvent revendiquer l'appellation Spring mountain et, à titre d'exemple, l'étiquette du merlot 2012 indique 51% Napa county - 49% Sonoma county. La visite des caves avec dégustation sur fûts, en petit groupe et sur rendez-vous, était vraiment intéressante et valait le détour. Nous avons ainsi pu en apprendre davantage sur l’élevage, à 100% en barriques françaises (d’abord en barriques usagées puis, après quelques mois, une certaine proportion est transférée en fûts neufs). Pour ce qui est des vins, le chardonnay (beurré et présentant un léger boisé) et le cabernet-sauvignon étaient très bien mais mon préféré fut le merlot 2012, présentant à la fois de la fraicheur et de la rondeur ainsi que des arômes de fruits rouges avec une légère touche caramélisée. On a également pu déguster une mistelle de viognier qui était intéressante mais pas très complexe, à mon sens, pour le prix demandé (près de 50$ la demie).

Château Montelena : J’avoue que cette visite compte parmi mes déceptions. Les vins étaient biens mais l’accueil était très commercial et le personnel, plus ou moins attentif avec un niveau de connaissance très moyen. Le sauvignon blanc 2013 était intéressant, typé nouveau monde avec ses arômes de fruits tropicaux et sa texture grasse. Quant au chardonnay 2012, il m’est apparu excellent mais une bonne coche sous ceux de Hyde De Villaine, Ramey et même inférieur aux meilleures cuvées de Chalk Hill et Artesa. Du côté des rouges, le cabernet-sauvignon 2012 était très bien, sur les fruits noirs avec des tanins astringents alors que le cabernet-sauvignon estate 2006 était excellent quoique fort dispendieux à 165$ (tanins enrobés, arômes de fruits noirs avec une touche de poivron, très longue finale).

Vincent Arroyo : Ce domaine de Calistoga, situé près de Montelena, constitue l’un de mes coups de cœur du voyage en raison de l’accueil sympathique et des vins, excellents et présentant tous de solides rapports qualité-prix. J’avais lu de bons commentaires sur le domaine et suis arrêté un peu par hasard, pendant que mon épouse profitait d’un spa. Alors que l’écriteau indiquait « by appointment only », je me suis tout de même pointé sur place et on m’a donné un rendez-vous sur le champ. Le sangiovese 2012 présentait des arômes de fruits rouges et d’épices ainsi qu’une bonne acidité et une légère astringence alors que le tempranillo 2012 avait, en prime, un peu plus de matière avec des tanins bien présents. Bien que j’aie apprécié l’ensemble de la gamme (incluant chardonnay, cabernet-sauvignon et blends bordelais et même un vin mûté de type porto), mes préférés furent le cabernet-sauvignon « winemaker’s reserve » 2011 et la petite syrah 2012. Le cab 2011 était très typé bordeaux, un brin austère avec des tanins fermes et des arômes de poivron rappelant certains millésimes de Sociando alors que la petite syrah 2012 présentait, à ma grande surprise, une bonne acidité ainsi qu’un superbe fruit mais sans impression de sucrosité ou de surmaturité. C’est d’ailleurs la première fois que je goûte un vin de petite syrah que j’apprécie réellement.

Castello di Amorosa : Compte tenu que ce domaine figure en bonne place dans les guides touristiques, j’avais certaines appréhensions (craignant l’attrape-touriste) mais, en même temps, une certaine curiosité face à ce château toscan qui a pris 14 ans à construire avec des matériaux importés d’Europe et des techniques anciennes, ce qui n’empêche pas la winery d’être à la fine pointe en matière d’équipements. Étant arrêtés en fin de journée, il n’y avait plus de visite guidée, ce qui nous convenait parfaitement. Nous avons donc parcouru par nous-même une partie du château et avons pu déguster les vins. Parmi ceux-ci, les gewurztraminers, sec et « late harvest » étaient très bien, tout comme le « il Brigante », un assemblage de type supertoscan incluant sangiovese, merlot, zinfandel et cabernet-sauvignon.

La suite suivra demain soir
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Re: Long compte-rendu d'une semaine trop courte (Russian river, Sonoma et Napa valley)

Message par path133 » jeu. 05 mars 2015 17:46

Hyde de Villaine: La visite chez HDV fut pour moi l’un des grands coups de cœur du voyage, ayant eu le privilège de déguster la gamme de vins en compagnie du winemaker, Stéphane Vivier, un bourguignon fort sympathique originaire des environs de St-Romain, qui nous a d’abord dressé un historique du domaine et de la famille Hyde/De la Guerra, liée à la belle-famille d’Aubert de Villaine. Il a été possible d’en apprendre davantage sur le climat de Carneros et des environs ainsi que sur l’irrigation et les défis posés par l’approvisionnement en eau dans plusieurs secteurs de la Californie. La production annuelle chez HDV est d’environ 3500 caisses et, contrairement à plusieurs, le domaine n’a pas du tout irrigué ses vignes ces 2-3 dernières années et, lorsqu’ils doivent le faire, ils se limitent au strict minimum. Stéphane nous a également parlé de la récolte, effectuée de nuit et le matin, entre 23h et 11h, de manière à recueillir les raisins froids, ce qui les rends plus résistants lors du transport et favorise la qualité. J’ai d’ailleurs été renversé par la qualité de la gamme de vins dégustés qui avaient en commun fraicheur et élégance. Le chardonnay De la Guerra 2013 était fin, frais et affichait une finale de bonne longueur alors que le chardonnay HDV (Hyde vineyard) 2012, encore très jeune, présentait une belle tension à l’attaque, et un volume surprenant en milieu de bouche suivi d’une finale interminable. La syrah Californio 2010, également fort jeune, offrait beaucoup de matière, sur les fruits rouges et les épices alors que le Belle cousine 2010, un assemblage de merlot et cabernet-sauvignon, présentait des arômes de fruits noirs avec un boisé fort discret, une matière dense sur le fruit avec des tanins enrobés, le tout se terminant par une longue finale. Mon favori fut cependant le pinot noir Ysabel 2012, provenant de Sonoma mountain mais qui me rappelait davantage la Côte-de-Nuits que la Californie, alliant fraicheur, complexité aromatique et une finale impressionnante.

Darioush: En remontant Silverado trail à partir de Napa, nous avons fait un bref arrêt chez Darioush, un vignoble fondée en 1997 et dont le propriétaire, originaire d’Iran, a fait fortune dans le secteur de l’alimentation. L’accueil, très commercial fut néanmoins très professionnel et fort agréable. Quant aux vins, ils étaient très bien quoique fort dispendieux à mon goût. Du côté des blancs 2013, le viognier, sur les fruits exotique, n’était pas mou alors que le chardonnay faisait typiquement US avec son côté beurré et ses arômes de pain grillé et de noisettes. Quant aux rouges, tous 2012, le cabernet franc m’est apparu un brin tannique, sur les fruits avec une finale où l’alcool ressortait un peu à mon goût, tout comme le shiraz, riche et sur les fruits mûrs. Par contre, le cabernet-sauvignon était superbe, sur les fruits noirs avec des tanins fermes et une finale très longue. Ce dernier constitue d’ailleurs le gros de la production du domaine (12000 caisses sur 25000). Dommage que son prix soit de 95$.

Stag’s leap wine cellars : Nous avons eu droit à toute une dégustation chez Stag’s Leap wine cellars, un très beau domaine où tant les vins que l’accueil étaient de très haut niveau, tout étant réglé au quart de tour. Le chardonnay Arcadia 2013 est apparu très beau, avec ses notes d’agrumes (citron) et son léger côté beurré. En rouge, j’ai eu l’opportunité de goûter, côte à côte aux cabernets-sauvignon 2011 Fay et SLV, composés tous deux à 100% de cabernet-sauvignon, subissant un élevage de 20 mois en barriques neuves et surtout, provenant de vignobles adjacents simplement séparés par une haie que nous pouvions très bien voir de la salle de dégustation. Les deux étaient excellents, le Fay se montrant le plus approchable et le plus exubérant des deux, avec un fruit davantage présent alors que le SLV est apparu plus austère, fermé et présentant des notes de poivron au nez. Le cask 23 2010 (un assemblage des cuves jugées supérieures provenant de Fay et SLV) était superbe, présentant une belle matière fruité tout en rondeur. Par contre, pas sûr que je paierais le double pour une bouteille de cask 23 que pour un Fay ou un SLV. La sympathique Terri est ensuite allée chercher une bouteille cachée de SLV 2005 et m’en a servi un verre à l’aveugle afin de comparer et celui-ci présentait des arômes fort complexes de fruits séchés et de viande fumée alors que la bouche était tout en finesse avec des tanins parfaitement intégrés et une très longue finale. J’ai d’ailleurs été soufflé par la différence entre le 2005 et le 2011. Elle a ensuite récidivé avec une bouteille de Fay « golden rectangle », un assemblage composé à 38,4% de petit verdot, le reste en cabernet-sauvignon mais, fait intéressant, un assemblage de cuves provenant des millésimes 2008-2009 et 2010. Le résultat était superbe, alliant fruité, élégance et longueur. Ce fut d’ailleurs mon préféré dans cette série de haut niveau.

Pine ridge : Comme nous avions un peu de temps entre deux visites, nous sommes passés faire un tour chez ce producteur. L’accueil était ordinaire mais les vins, en particulier les rouges, étaient très bien. En blanc, les deux chardonnay 2013 dégustés étaient frais et peu boisés. Quant aux rouges, le cabernet sauvignon 2012 était bien, sur les fruits noirs (mûres) avec des tannins gommeux. Le cabernet-sauvignon Rutherford 2011 (assemblage à 79% de cab, 20% de petit verdot et 1% de malbec) était superbe, présentant des arômes de fruits noirs et de fumée, des tanins fins et élégants et une longue finale. Le cabernet-sauvignon Oakville 2011 (95% cabernet-sauvignon et 5% cab franc), également fort bon, faisait davantage bordelais, légèrement austère avec des notes de poivron au nez. Quant à la cuvée de prestige Fortis 2011 (cabernet-sauvignon à 91%, le reste en petit verdot), il était tout d’un bloc et m’a moins plu que les deux précédents (sans compter son prix dissuasif de 175$!!!).

Signorello : Chez Signorello, nous avions pris rendez-vous en milieu d’après-midi pour une dégustation avec assiette de fromages, noix, fruits séchés et saucissons. L’accueil fut formidable et en français, par Nathalie, l’épouse du winemaker Pierre Birebent, originaires, elle, de Toulouse et lui, de Corse. L’endroit était magnifique, au soleil sur la terrasse, face aux vignes et nous sommes restés à discuter et à déguster les excellents vins du domaine pendant un bon deux heures, épiés par un couple de geais bleus amateurs de fromage. Sur la centaine d’acres que compte le domaine, environ 45 sont plantés de vignes (à 80% de cépages rouges) pour une production d’environ 7000 caisses. Fait particulier, chez Signorello, le winemaker est également vineyard manager alors que dans de nombreux domaines californiens, ces deux rôles sont tenus par deux personnes différentes. Quant au propriétaire, Ray Signorello, il s’implique très activement non seulement dans la gestion du domaine mais également dans l’élaboration des assemblages. Pour ce qui est des vins blancs 2012, j’ai bien aimé le Seta, un assemblage de sauvignon et sémillon présentant une belle fraicheur, des notes d’agrumes au nez et une texture légèrement grasse, rappelant certains bordeaux blancs. Quant au chardonnay Hope’s cuvée (qui fait sa fermentation malolactique et est élevé 16 mois en barriques françaises dont 30% sont neuves), il était également très bien, présentant des notes de pain grillé subtiles, une texture crémeuse et légèrement beurrée et une finale de bonne longueur. Quant aux rouges 2011, le uvaggio (un assemblage de 34% de cabernet-sauvignon, 33% cabernet franc et 33% merlot) était excellent, présentant une belle matière sur les fruits noirs avec des tanins souples ainsi que de légers arômes de torréfaction. La syrah (96% de syrah cofermentée avec 4% de viognier) était fort bonne, sur les fruits rouges avec une touche poivrée. Quant au cabernet-sauvignon estate (un assemblage de 77% de cabernet-sauvignon, 18.5% de cabernet franc et 4.5% de merlot subissant un élevage de 16 mois en barriques françaises dont 50% sont neuves), il présentait un équilibre impeccable, avec une matière dense sur les fruits noirs avec une pointe de vanille, des tanins légèrement gommeux et une très longue finale. J’ai également goûté au Padrone 2012, embouteillé en octobre dernier mais il était encore tout d’un bloc, plus difficilement approchable que le précédent.
path133

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