In Situ :domaine Henri Germain à Meursault

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patrickessa
Vigneron
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In Situ :domaine Henri Germain à Meursault

Message par patrickessa » dim. 30 avr. 2006 4:31

Jean-François Germain produit sans doute avec son père parmi les plus grands Bourgogne blancs modernes. Plus aériens, riches et concentrés que l’ensemble des grands crus de ses voisins, plus immédiatement raffinés et d’une texture absolument unique. Ils constituent une synthèse parfaite de la vision empirique la plus subtile et de la modernité la mieux maîtrisée. Année après année, bouteilles après bouteilles il se révèle aux yeux de sa commune et des connaisseurs comme le « maître étalon » des crus dont il a la charge.

Combien je suis heureux de pouvoir évoquer les crus de ce si discret vigneron, qui comme tous ceux qui savent encore ce qu’est le labeur manuel par tous temps, a gardé une très grande sagesse dans ses rapports avec les médias. Une mesure qui confine peut-être trop souvent à l’effacement mais qui est le signe aussi de ceux qui n’aime pas fanfaronner pour ne rien dire. Le verbe de Jean-François est rare, toujours lucide, parfois emporté et flamboyant dans l’intimité, mais toujours d’une franchise et d’une loyauté parfaite.







Le domaine s’est agrandi avec le millésime 2002 pour passer à une exploitation de 8 hectares de vignes idéalement exposées de Beaune à Chassagne-Montrachet. Cependant comme de nombreuses propriété du secteur il travaille une partie de ses vignes en fermage. Cela génère des coûts de production assez élevés sur ces climats naturellement peu producteurs. En dépit de cela le domaine taille court en alternant cordon de Royat et taille en Guyot simple et recourt– comme en 2004 – à la vendange en vert après un ébourgeonnage sévère.

Le pressurage est effectué de manière pneumatique puis l’on pratique un débourbage statique et par suite un entonnage à froid ; Les fermentations alcooliques se font en fûts (20% de bois neuf maxi.)… Bâtonnage très modéré, sulfitage à l'entonnage puis après la fermentation malo-lactique (15 cl par pièce.) Elevage sur 18 à 22 mois (cave très fraîche) et mise en bouteille après une filtration très légère ou pas selon les années.



Millésime 2004 en bouteilles :



Bourgogne blanc 2004 : Issu d'une parcelle sise au cœur du village et d'un lieu-dit fort renommé pour le bourgogne blanc: les clous Perrons. C’est toujours un village engageant, parfaitement naturel et pur sur une vibrante colonne vertébrale. Fraîcheur et tension pour un joli vin d’apéritif. Bien. 84



Meursault 2004 : Le Meursault générique provient d'un assemblage de parcelles mais surtout du lieu-dit Pellans qui se situe sous les Charmes. Ici il a fallu aller contre une nature très ( trop) généreuse en éclaircissant drastiquement les travées de raisins pour obtenir une très belle concentration. Boisé discret arômes de pêche et de citron et finale vive qui procure une très belle sapidité à l’ensemble. Bien. 86


Meursault "Chevalières"2004: Nettement plus riche et puissant il présente ce caractère minéral et fin qui signe la jolie nature de cru de coteau. Une petite amertume finale gênait un rien une fin de bouche droite et longue. Mais cela n’avait qu’un caractère ponctuel. Bien +. 87


Meursault "Limosin"2004 : Un vin vraiment épatant pour ce millésime si difficile. Très belle matière mûre à la viscosité parfaite et à la tension interne admirable. Il évoque des senteurs de menthe, de fougère mais aussi de chèvrefeuille et tapisse le palais de manière douce et durable. Un vrai festival d’arômes fleuris sur une douce texture et un boisé totalement imperceptible. Superbe village. 90



Meursault Charmes 2004 : Le vin est assez proche des Limosin dans sa forme. Généreux, bouqueté et mûr. Il embaume les fruits blancs et la sauge et possède une matière opulente et harmonieuse qui décline de très nobles arômes de fruits blancs et jaunes. Très jolie longueur tonique et sèche. Un régal. 91+


Meursault Perrières 2004 : Trois pièces de ce vin ont été produites et point n’est besoin de lier dans le regard de Jean-François pour comprendre qu’il en attend beaucoup. Perrières est « le » seigneur de ces contrées et doit de ce fait affirmer sa prééminence dans une cave. Il y va de l’honneur du vigneron mais aussi de la qualité de son travail. On voit aisément ici que les soins qui lui sont prodigués en font un vin de très grande race. Il se livre moins que le Charmes ou Morgeot mais impose sa mélodie fine et alcaline qui envoûte par sa grâce naturelle. Notes de pierres chaudes, de menthe verte et de fleur de tilleul, bouche charmeuse, très subtile et boisé parfaitement intégré pour une très belle finale aérienne. Un très beau vin. 93


Chassagne-Montrachet Morgeot " Fairendes"2004: Chassagne est un autre « monde » et donne toujours des vins très séducteurs à la texture crémeuse. On connaît la race formidable du sol des « Fairendes » et leur inimitable grain. Je les aime pour leur allonge, leur puissance et leur incomparable rayonnement interne. Une fois de plus ici le vin se livre de manière immédiate sur des accents de poire, de mangue et de fleur de vigne. Un cru droit et long qui saura plaire aux amateurs de blancs à la tension interne polie et maîtrisée. Très belle longueur. 91+



Meursault rouge « Clos des mouches / monopole »2004 : Les rouges 2004 ont été grêlés dans ce secteur et il fallait être prestidigitateur pour livrer une bouteille de cette densité dans ce petit et unique climat. Couleur rubis, légère, texture douce, boisé souple et bien intégré pour une finale de bon aloi. Un vrai vin gourmand et pur. Bien. 85



Chassagne-Montrachet rouge 2004 : Le vin a gardé une approche ferme sur un fruité simple mais parfaitement précis. On sent une jolie allonge mais il est bien entendu plus limité dans son dessin. Une bouteille aimable à boire dans les 5/7 ans à venir. Bien 84



Beaune-Bressandes 2004 : Souple, fruité, élégant et d’une parfaite rectitude. Il décline de beaux arômes de fraise et de mûre sur une texture soyeuse et très pure. J’aime son grain et sa longue finale. Il sera à boire dans les dix années à venir. Bien. 87



Patrick Essa

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