Mauvais contrôle bactériologique et amines biogènes
Posté : jeu. 07 févr. 2008 12:16
Interview d'Anthony Silvano, Responsable Technique de Lallemand France:
Le Lallemand Tour 2008 avait pour thème : "La perte des arômes et des qualités sensorielles du vin : comment l'éviter ?" Si la question des contaminations levuriennes, notamment par les Brettanomyces, est connue et largement traitée, celle des contaminations d'origine batériennes, en particulier par les amines biogènes, reste sous-estimée. L'impact des amines biogènes sur le goût du vin ( putrescine, cadavérine ) et sur la santé ( histamine ) impose pourtant la plus grande vigilance aux producteurs.
Les travaux de Lallemand sur les contaminations par les amines biogènes ont-ils permis de mettre en évidence une augmentation de ces contaminations ?
"Nos études ont permis de mettre en évidence que les contaminations par amines biogènes étaient beaucoup plus répandues qu'on ne l'imaginait. Elles posent des problèmes sur le plan gustatif en créant des goûts qui sont des défauts indéterminés, ou à moindre dose, des masques qui limitent l'expression des arômes. A plus forte dose et pour certains d'entre eux, les amines biogènes représentent un danger pour la santé humaine puisqu'elles provoquent des intoxications alimentaires avec des symptômes allergiques.
On connait les méfaits des amines biogènes dans les produits laitiers et les charcuteries, nos études ont montré que le vin était touché lui aussi. Est-ce que les vins sont plus contaminés depuis cinq ou dix ans ou est-ce que nous sommes simplement plus attentifs à ces contaminations ? La question reste ouverte. La contamination par amines biogène est aujourd'hui une question de viabilité du vin à l'export, car elle n'est plus tolérée au-delà de seuils nationaux sur certains marchés comme les Pays-Bas ou la Suisse ( 10 mg/litre ), justement à cause des risques sanitaires qu'elles impliquent. Sur les marchés où ces seuils n'existent pas encore, comme le Royaume-Uni et les Etats-Unis, la présence d'amines biogènes se traduisant par des masques gustatifs, voire de vrais défauts, disqualifie les vins contaminés auprès des acheteurs qui les dégustent..."
Pouvez-vous nous rappeler les causes et les effets des contaminations par les amines biogènes ?
Les amines biogènes naissent pendant de l'activité des ferments lactiques, pendant la fermentation malo-lactique qui peut intervenir à divers moment du processus de vinification, jusque pendant l'élevage. La présence de deux types d'organismes conditionnent la formation d'amines biogènes : il faut d'une part une matière première, présente sous la forme d'acides aminés précurseurs, et d'autre part un élément dégradant de cette matière première, à savoir des enzymes appelés décarboxylases, dont toutes les souches de lactobacilles sont potentiellement porteuses. Lorsque les enzymes en question sont présentes dans les ferments lactiques contenus dans le vin et que ce dernier contient également des acides aminés précurseurs, les premiers rompent les liens des chaines aminées et en séparent les éléments en autant d'amines biogènes.
La famille des amines biogènes est vaste, mais trois amines biogènes sont la cause de l'immense majorité des contaminations. Ce sont les Histamines, connues pour leur caractère allergène, la Putrescine et la Cadavérine, dont le seul nom suffit à vous faire comprendre les arômes nauséabonds qu'elles induisent.
Quels sont les solutions préconisées par le Groupe Lallemand pour lutter contre ces contaminations ?
Nous préconisons des solutions préventives, car les solutions curatives sont inefficaces : une fois qu’un vin est contaminé, il est trop tard pour chasser les mauvais goûts et évacuer le risque sanitaire. En revanche, l’ensemencement des moûts par des ferments lactiques sélectionnés permet d’attaquer le mal à la source, puisque les ferments sélectionnés, au contraire des ferments indigènes, ne contiennent pas de décarboxylases. Cet ensemencement doit évidemment intervenir avant toute fermentation malo-lactique, idéalement en cours de fermentation alcoolique ou juste après la fin de cette dernière.
Notre démarche va à l’encontre d’une mode constatée autour de l’utilisation des ferments et levures indigènes, dont les partisans expliquent qu’ils luttent ainsi contre l’uniformisation des arômes qu’induirait l’utilisation de ferments sélectionnées par l’homme. Nous espérons les convaincre que notre vaste gamme de levures et ferments nous permet de garantir que leur utilisation en donne lieu à aucune uniformisation des goûts. Notre but est de révéler le potentiel aromatique des vins, pas d’imposer tel ou tel type d’arômes.
http://www.vitisphere.com/dossier.php?i ... sier=49807
Le Lallemand Tour 2008 avait pour thème : "La perte des arômes et des qualités sensorielles du vin : comment l'éviter ?" Si la question des contaminations levuriennes, notamment par les Brettanomyces, est connue et largement traitée, celle des contaminations d'origine batériennes, en particulier par les amines biogènes, reste sous-estimée. L'impact des amines biogènes sur le goût du vin ( putrescine, cadavérine ) et sur la santé ( histamine ) impose pourtant la plus grande vigilance aux producteurs.
Les travaux de Lallemand sur les contaminations par les amines biogènes ont-ils permis de mettre en évidence une augmentation de ces contaminations ?
"Nos études ont permis de mettre en évidence que les contaminations par amines biogènes étaient beaucoup plus répandues qu'on ne l'imaginait. Elles posent des problèmes sur le plan gustatif en créant des goûts qui sont des défauts indéterminés, ou à moindre dose, des masques qui limitent l'expression des arômes. A plus forte dose et pour certains d'entre eux, les amines biogènes représentent un danger pour la santé humaine puisqu'elles provoquent des intoxications alimentaires avec des symptômes allergiques.
On connait les méfaits des amines biogènes dans les produits laitiers et les charcuteries, nos études ont montré que le vin était touché lui aussi. Est-ce que les vins sont plus contaminés depuis cinq ou dix ans ou est-ce que nous sommes simplement plus attentifs à ces contaminations ? La question reste ouverte. La contamination par amines biogène est aujourd'hui une question de viabilité du vin à l'export, car elle n'est plus tolérée au-delà de seuils nationaux sur certains marchés comme les Pays-Bas ou la Suisse ( 10 mg/litre ), justement à cause des risques sanitaires qu'elles impliquent. Sur les marchés où ces seuils n'existent pas encore, comme le Royaume-Uni et les Etats-Unis, la présence d'amines biogènes se traduisant par des masques gustatifs, voire de vrais défauts, disqualifie les vins contaminés auprès des acheteurs qui les dégustent..."
Pouvez-vous nous rappeler les causes et les effets des contaminations par les amines biogènes ?
Les amines biogènes naissent pendant de l'activité des ferments lactiques, pendant la fermentation malo-lactique qui peut intervenir à divers moment du processus de vinification, jusque pendant l'élevage. La présence de deux types d'organismes conditionnent la formation d'amines biogènes : il faut d'une part une matière première, présente sous la forme d'acides aminés précurseurs, et d'autre part un élément dégradant de cette matière première, à savoir des enzymes appelés décarboxylases, dont toutes les souches de lactobacilles sont potentiellement porteuses. Lorsque les enzymes en question sont présentes dans les ferments lactiques contenus dans le vin et que ce dernier contient également des acides aminés précurseurs, les premiers rompent les liens des chaines aminées et en séparent les éléments en autant d'amines biogènes.
La famille des amines biogènes est vaste, mais trois amines biogènes sont la cause de l'immense majorité des contaminations. Ce sont les Histamines, connues pour leur caractère allergène, la Putrescine et la Cadavérine, dont le seul nom suffit à vous faire comprendre les arômes nauséabonds qu'elles induisent.
Quels sont les solutions préconisées par le Groupe Lallemand pour lutter contre ces contaminations ?
Nous préconisons des solutions préventives, car les solutions curatives sont inefficaces : une fois qu’un vin est contaminé, il est trop tard pour chasser les mauvais goûts et évacuer le risque sanitaire. En revanche, l’ensemencement des moûts par des ferments lactiques sélectionnés permet d’attaquer le mal à la source, puisque les ferments sélectionnés, au contraire des ferments indigènes, ne contiennent pas de décarboxylases. Cet ensemencement doit évidemment intervenir avant toute fermentation malo-lactique, idéalement en cours de fermentation alcoolique ou juste après la fin de cette dernière.
Notre démarche va à l’encontre d’une mode constatée autour de l’utilisation des ferments et levures indigènes, dont les partisans expliquent qu’ils luttent ainsi contre l’uniformisation des arômes qu’induirait l’utilisation de ferments sélectionnées par l’homme. Nous espérons les convaincre que notre vaste gamme de levures et ferments nous permet de garantir que leur utilisation en donne lieu à aucune uniformisation des goûts. Notre but est de révéler le potentiel aromatique des vins, pas d’imposer tel ou tel type d’arômes.
http://www.vitisphere.com/dossier.php?i ... sier=49807